Des réponses concernant la gestion du niveau de l’eau au lac Kénogami

Lac-Kénogami, le 21 juin 2022 – À la suite d’inquiétudes qui ont été soulevées dans les médias concernant le niveau du lac Kénogami par des citoyens, les membres du Comité de bassin du lac Kénogami, des rivières Chicoutimi et aux Sables (CBLK), dont la Direction Générale des Barrages (DGB) du Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements Climatiques (MELCC), ont voulu amener des réponses à certains questionnements.

 

Pourquoi le niveau du lac Kénogami est-il monté au-delà de la cote de 163,70 m du 10 au 14 juin 2022 ?

Réponse :  Le plan de gestion des eaux retenues du lac-réservoir Kénogami prévoit qu’en présence de conditions de fortes crues, il est possible d’utiliser la réserve de crue, soit le volume d’emmagasinement disponible entre les niveaux de 163,70 m et 164,50 m.

Explications

La fin du printemps 2022 est marquée par une très forte hydraulicité qui résulte de la fonte tardive et rapide jumelée aux précipitations abondantes depuis la fin mai. Alors qu’en avril et en mai, le réservoir est en remplissage et peut facilement emmagasiner de tels volumes, il en est autrement à la fin mai et en juin. En effet, le plan de gestion prévoit que le réservoir soit assez bien rempli à ces dates afin de répondre aux besoins de villégiature durant l’été. Le plan de gestion des eaux retenues du lac Kénogami est adapté à cette situation particulière.

Lorsque de très forts volumes de ruissellement naturels surviennent en fin de remplissage du réservoir, le plan de gestion prévoit de limiter la hausse du niveau au lac-réservoir Kénogami en évacuant d’importants débits par les rivières aux Sables et Chicoutimi. Cette année, les débits évacués ont atteint en moyenne  240 m3/s (rivières aux Sables) et 230 m3/s (Chicoutimi), soit des débits proches des maximums enregistrés à pareille date dans l’historique, ou même les excédant.

Le plan de gestion s’articule autour de contraintes de niveaux et de débits, dont certaines sont présentées ici :

  • Les débits de seuils mineurs d’inondation sont des forts débits évacués du lac-réservoir entraînant la montée des eaux sur quelques terrains aux abords des rivières aux Sables et Chicoutimi, sans toutefois provoquer d’inondation de résidences. Tant sur la rivière aux Sables que Chicoutimi, le débit du seuil mineur est établi à 255 m3/s.
  • Les débits de seuils majeurs d’inondation sont de très forts débits évacués du lac-réservoir entraînant l’inondation d’au moins une résidence située aux abords des rivières aux Sables et Chicoutimi. Le débit de seuil majeur est de 650 m3/s pour la rivière aux Sables, et de 310 m3/s pour la rivière Chicoutimi.
  • Le niveau maximum normal, fixé à la cote de 163,70 m, est un niveau qui ne doit pas être dépassé en conditions normales. En conditions de forte hydraulicité, avec le lac-réservoir presque rempli, il est acceptable que le niveau puisse temporairement excéder cette cote, à la condition que les débits évacués soient proches des seuils mineurs d’inondation (255 m3/s).  Pour des débits évacués inférieurs aux seuils d’inondation mineurs, il est également tolérable qu’occasionnellement, le niveau excède légèrement la cote de 163,70 m.  De tels faibles écarts de niveau peuvent résulter de l’effet de forts vents sur le lac, ou d’une pluie torrentielle imprévue en pleine nuit, à titre d’exemples.
  • Le niveau maximum d’exploitation, fixé à la cote de 164,16 m, est le niveau qui ne doit pratiquement jamais être dépassé, mais qui pourra l’être occasionnellement lors des crues majeures, à condition que les débits évacuées sur les rivières soient égaux ou supérieurs au seuil mineur d’inondations (255 m3/s). Une crue peut être considérée majeure lorsque sa récurrence est de 100 ans et plus (donc à chaque année, il y a au plus une chance sur 100 que survienne une telle crue). Ce niveau fut dépassé lors du déluge de 1996 et au début de juin 2013.
  • La réserve de crue, bornée entre les niveaux de 163,70 m et de 164,50 m, consiste en une marge de manœuvre disponible pour permettre de laminer (tamponner) les crues majeures, telles celles du déluge de 1996 et celle de juin 2013.

Une question d’équilibre entre les conditions amont et aval

En raison des apports très importants, l’évacuation de forts débits totalisant 470 m3/s à la mi-juin 2022 a été nécessaire.  Le niveau du lac-réservoir est monté légèrement au-dessus de 163,70 m, jusqu’à 163,85 m les 11 et 12 juin (moyennes journalières), avant de redescendre ensuite sous 163,70 dans les jours suivants. Les débits évacués durant la crue de la mi-juin 2022 ont volontairement été fixés légèrement sous les seuils mineurs d’inondation, ce qui permettait de garder le niveau entre les cotes 163,70 m et 164,16 m sans inonder inutilement des terrains en aval. Cette manière de faire est conforme au plan de gestion.

En somme, pour les conditions particulières de forte hydraulicité survenues en fin de remplissage du réservoir à la mi-juin 2022, la gestion des barrages du lac-réservoir Kénogami s’est articulée en respectant les contraintes du plan de gestion. Dans ces conditions, le plan de gestion permet d’éviter des inondations tant sur le pourtour du lac-réservoir que sur les berges des rivières aux Sables et Chicoutimi. Cet équilibre entre les conditions amont et aval se manifeste par un niveau au lac-réservoir excédant modérément la cote de 163,70 m, ainsi que par des débits évacués sur les rivières aux Sables et Chicoutimi qui sont tout juste inférieurs aux seuils mineurs d’inondation (255 m3/s).

 

Avec l’accroissement du débit évacuable sur la rivière aux Sables découlant des travaux de creusage, pourquoi ne pas avoir augmenté les débits évacués au lieu de laisser monter le niveau du lac au-dessus de 163,70 m à la mi-juin 2022 ?

 

Réponse :  Le plan de gestion des eaux retenues du lac-réservoir Kénogami prévoit une gestion équilibrée entre les conditions amont et aval qui inclut des balises sur l’usage de la capacité d’évacuation disponible. Son plein usage est réservé pour les crues majeures.

Les travaux de creusage effectués dans la rivière aux Sables ont été réalisés pour augmenter la capacité d’évacuation en cas de crue majeure comme, par exemple, celle du déluge de juillet 1996. La crue de la mi-juin 2022 ne correspond pas à ces conditions de crues majeures et les prévisions n’annonçaient pas de précipitations qui auraient pu nous y mener dans les jours suivants.

 

Peut-on comparer les conditions en présence à la mi-juin 2022 à celles ayant précédé le déluge du Saguenay en juillet 1996 ?

Réponse :  Les conditions hydrologiques à la mi-juin 2022 sont similaires à celles ayant précédé l’arrivée des accumulations exceptionnelles de pluie qui ont conduit au déluge. En revanche, les contraintes de gestion actuelles sont beaucoup plus sécuritaires que celles en place lors du déluge.

Explications

Avant le déluge, le niveau maximal normal de gestion était fixé à la cote de 164,16 m. Après le déluge, il fut décidé d’abaisser cette cote de niveau maximal normal à 163,70 m, afin de disposer d’une marge de manœuvre additionnelle de 46 cm sur le lac-réservoir avant d’atteindre la cote de 164,16 m, qui correspond aussi au niveau maximum d’exploitation.

Lors de la crue de la mi-juin 2022, le niveau moyen journalier a temporairement excédé de 15 cm la cote de 163,70 m. Environ le tiers de la marge de manœuvre disponible entre le niveau maximal normal d’exploitation et le niveau maximal d’exploitation a donc été utilisé.

Depuis le déluge de 1996, un système de prévision hydrologique permet d’améliorer le temps de réaction lors d’évènements importants. Il est donc possible, lorsque les prévisions annoncent d’importantes précipitations, d’améliorer la vigilance et le temps de réaction.

En résumé, depuis le déluge, l’espace disponible pour gérer les crues dans le réservoir a été augmenté, la capacité d’évacuation des rivières a été augmentée et le temps de réaction lorsque de forts évènements sont prévus a été diminué. Le réservoir Kénogami est donc beaucoup mieux outillé qu’avant 1996 pour faire face aux crues et réduire les impacts tant en amont qu’en aval des barrages.

 

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